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Faut-il envoyer des étudiants en médecine « au front » en situation de pandémie ?

Crédit C.Schroder/Unistra

Vie et santé

22/01/21

Dans le cadre d’une étude débutée en 2018, le Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé de Strasbourg et l’Unité de recherche en éducation médicale de l’Université de Genève ont mesuré l’évolution de l’anxiété des étudiants en médecine à l’issue du premier confinement. L’enquête menée par des étudiants, des internes et des enseignants-chercheurs est parue dans le journal Internal and Emergency Medicine.

La crise liée au Covid-19 confronte les autorités universitaires et sanitaires du monde entier à une même question : faut-il mobiliser les étudiants pour venir en aide aux professionnels de santé dans la prise en charge des malades du Covid ? En 2018, l’ensemble des étudiants de la 2e à la 6e année de la faculté de médecine de Strasbourg sont inclus dans une vaste recherche afin de mesurer leur niveau d’anxiété. En 2020, de nouvelles mesures sont réalisées, en plein contexte de pandémie. Parmi les 1 180 répondants, 481 décident de retourner en milieu clinique pour aider les professionnels de santé. Ils sont affectés dans onze hôpitaux alsaciens.

Les étudiants mobilisés en milieu clinique moins anxieux

Résultat : le taux d’anxiété mesuré chez les étudiants en médecine est similaire à celui mesuré dans la population générale en période de Covid. L’impact de la pandémie sur le bien-être des étudiants est donc bien réel, mais il n’est pas aussi important qu’on pourrait spontanément le penser. Les étudiants mobilisés en milieu clinique quel que soit le lieu d’affectation sont moins anxieux que ceux restés chez eux. L’engagement actif et le fait de concevoir une telle situation comme une opportunité d’apprentissage limiteraient l’anxiété.

L’étude montre ainsi que sur le plan de l’anxiété, il n’est pas légitime de s’opposer à la mobilisation des étudiants en médecine en milieu clinique pendant de telles crises, y compris dans les services de première ligne, dès lors qu’ils sont volontaires et que leur protection contre le risque infectieux peut être assurée. La source majeure d’anxiété des étudiants étant liée au fait de devoir rester chez eux, il y a en revanche lieu de questionner le fait de vouloir à tout prix les maintenir à distance de leur environnement habituel de formation.

En chiffres

  • 1 180 participants, de la deuxième à la sixième année de médecine
  • 80 % soit le taux de réponse
  • 4 étudiants sur 10 se sont portés volontaires, dont la moitié a été affectée dans des services de première ligne (SAMU, urgences, services de réanimation)
  • 2 étudiants mobilisés sur trois estiment avoir développé de nouvelles compétences
  • 1 étudiant sur 6 dit avoir été influencé par son expérience dans le choix de sa future spécialité